mercredi 20 mai 2020

Congés anticipés en Côte d'Ivoire La plaie du système ivoirien

En Côte d’Ivoire, le secteur éducatif est confronté à d’énormes difficultés, notamment le phénomène des congés anticipés qui constitue une véritable plaie pour l’éducation nationale. Chaque année, à l’approche des congés de Pâques et de la Noël, les élèves manifestent  le désir de quitter les bancs, avant la date fixée par le ministère de l’éducation. Certains d’entre eux usent de violence pour se faire entendre aussi bien à Abidjan qu’à Abengourou.
Nous sommes au Groupe Scolaire Thanon Namanko, sis aux Vallons, à Cocody, la commune la plus huppée de la ville d’Abidjan. Chaussés en Lêkê (Chaussures plastiques), le visage badigeonné de craie et de kaolin, des élèves habillés en pantalons de couleur kaki perturbent  les cours. Ils manifestent le désir d’obtenir des congés anticipés. 
Dans cette cour bondée d’élèves, une ambiance de récréation était au rendez-vous. Monsieur Bamogo Patindé, professeur de Physique-Chimie, habillé en polo vert , pantalon noir, le visage barbu et assis sur un banc du préau, affirme d’un ton convaincant : « Les élèves sont amis entre eux et sont de différents lycées et collèges. Ils sont régulièrement en contact et se donnent des informations de même que  des fake news, afin d’anticiper leur départ en congés, via les réseaux sociaux ». Pour lui, les élèves à la base de ces manifestations sont « les moins studieux du système ».
Quant à monsieur Jean Eby, professeur d’espagnol, vêtu d’un costume de couleur grise cendre, d’une cravate rose,  le tout sublimé d’un large sourire esquissé, « ces perturbateurs  viennent avec des cailloux, des bâtons et des armes blanches ». Il a aussi déploré « l’inconscience de ces jeunes violents ». 
Un peu plus loin, à Yopougon, la plus grande commune de la capitale économique ivoirienne, le mode de propagation est tout autre chose au Lycée professionnel Mohammed 6. Vêtu d’un pantalon noir, d’une chemise et d’une ceinture blanche, l’étudiant en hôtellerie Moïse Koffi montre le canal met à nu le processus suivi pour atteindre leur établissement. « Dans cette école, la FESCI se sert des élèves et des étudiants pour boycotter les cours », révèle-t-il, les larmes aux yeux.
Censeur dans ledit Lycée, Madame Touato, une belle femme au teint clair, la taille moyenne, la quarantaine bien révolue, révèle que « l’administration est incapable de les sanctionner parce qu’ils sont couvert par la Fesci ». 
Contrairement aux différents établissements visités, la réalité est tout autre au collège moderne d’Apprompronou, dans l’Indénié Djuablin, à 239 kilomètres d’Abidjan. Dans cette école, les membres de l’administration prennent des mesures plus drastiques contre ces perturbateurs. Jeune rouquin, barbu, coiffé à ras, avec une calvitie au milieu de la tête, le professeur d’anglais Soro Doma estime que l’administration de l’école s’active pour éviter les congés anticipés. «  Le collège ne reste pas sans voix face à cette situation. L’année dernière, nous avons conduit deux de nos élèves perturbateurs de cours  au commissariat d’Abengourou », a-t-il clarifié. 
Pour maintenir et endiguer ce phénomène des congés anticipés, certains enseignants proposent que les chefs d’établissements organisent des tournois sportifs, des interclasses, des concours et des journées culturelles à une semaine des congés afin de maintenir les élèves dans les salles de classe. 
                                                                                                                                       Dochiéré KONE
                                                                                                                                       Eunice TOUATO
                                                                                                                                             Elodie SORO
                                                                                                                           Oumou KARABOUALY

mardi 19 mai 2020

Tribune libre: point de vue sociologique

Le Phénomène des congés anticipés en Cote d’Ivoire est un mal qui perdure et qui afflige la société en général. Partant de là, nous avons sollicité le regard sociologique de Dr ANDJOU, sociologue de formation et enseignante de cette discipline.

LE PHÉNOMÈNE DES CONGÉS ANTICIPÉS DANS LES LYCÉES ET LES COLLÈGES

Origine du phénomène
‘’Les congés anticipés’’ est un phénomène social qui s’inscrit dans les violences scolaires. Ce n'est aussi pas un phénomène nouveau. Les historiens, les sociologues, les philosophes,….ont largement traité de cette violence. Durkheim reconnaît que l'enseignant doit faire preuve d'autorité en ayant parfois recours à la violence, violence considérée comme pratique normale et élément constitutif de l'enseignement. Dès l'antiquité, on retrouve l'idée de l'enfant turbulent, incontrôlable qu'il convient de « dresser » afin de se faire entendre. De telles pratiques ont longtemps perduré et apparaissaient comme un véritable rite de socialisation et d'attente de la vie adulte. (Jean-Louis LORRAIN, 2004)
Ce type de violence intégrative a eu pour conséquence une lente mutation des représentations de l'enfance qui a abouti à une dévalorisation de la violence des éducateurs conduisant à la révolte des élèves.
Dès lors, le phénomène des congés anticipé connaît une expansion dans les lycées et collèges en Côte d’Ivoire. Il devient pour les élèves, une manière d'asseoir et d’imposer leurs idéologies (l’arrêt des notes égal aux congés). Cette violence-là, Bourdieu et Passeron la qualifient de "violence symbolique" car, elle permet par le biais de l'habitus « de parvenir à imposer des significations et à les imposer comme légitimes en dissimulant les rapports de force ».
Précisons que les lycéens et les collégiens sont en général des adolescents.L'aspect sociologique du phénomène des congés anticipés met l'aspect comportemental en avant. L'adolescence se caractérise ici dans l'affiliation ou l'assimilation à un groupe, à une bande pour combler le besoin d'identification et pour permettre de s'affirmer. Ces groupes ne peuvent être que des lieux de débordement et d'agressivité et où les confrontations diverses sont mises en œuvre pour tester la solidité des valeurs traditionnelles et à prendre plaisir dans la transgression de l'interdit. C'est la période de l'imprévisibilité aussi bien dans le comportement que dans la décision avec un refus de tout ordre établi, de revendication de liberté et d'indépendance: la période des conflits de génération. L'adolescent n'a plus la même vision que l'adulte et exige des solutions immédiates à des problèmes qu'il pose. Il est hypersensible et n'arrive pas à domestiquer ses désirs. Un rien suffirait à déclencher le conflit. Ainsi, le phénomène des congés anticipés est plus observé une semaine avant la date prévue pour les congés de Noël et de fin d’année, juste à l’arrêt des notes et au calcul des moyennes du premier trimestre. Une fois les notes arrêtées et les moyennes calculées, il n’y a pratiquement plus de devoirs notés, ni d’interrogations écritesjusqu’au retour des congés.
Date de départ
Les congés anticipés en Côte d'Ivoire sont devenus médiatiques depuis 1990 et n’a pas cessé de prospérer.
Les congés anticipés semblent s'inscrire tout particulièrement au cœur de l'ère démocratique du pays.Et on assiste à une recrudescence des actes de violence de la part des élèves et étudiants pour les revendications de toutes sortes devant particulièrement celles du départ pour les congés.
Ces faits de violence en milieu scolaire répétitifs et multiples se manifestent aussi bien au sein des établissements que dans les rues. La revendication des congés anticipés est marquée par des actes déviants comme la traversée du guerrier, les ‘’exploits de Zéna la guerrière’’….et le délogement des élèves des établissements par les membres ….lors de leurs revendications.

Lieu de naissance et mode propagation
- Mars 1990 manifestations de lycéens à Adzopé avec la mort de l'élève KPEA Dominé.
- Avril 1990: déferlement d'élèves du primaire et des lycées dans les rues d'Abidjan occasionnant des dommages à la SOTRA (191 bus endommagés et 240 millions de préjudices (selon la direction générale de la compagnie).
- Février 1992 : descente d'élèves dans les rues de Man suivie de vandalisme, pillage, destruction d'habitat, violences et voies de fait sur les agents de la sécurité.
- Mars 1992 : vandalisme et casses d'élèves à la direction du lycée moderne de Boundiali.
- Décembre 2000 : coups et blessures sur la personne d'un professeur à Tiassalé.
- Dans le courant des années 2000, des groupes d’élèves se réclamant de la Fesci (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire), parfois violents, déferlaient sur des établissements publics et privés pour forcer l’administration et le corps enseignant à arrêter les cours avant la date indiquée pour les congés de Noël
Tous ces évènements montrent comment le milieu scolaire a été pris dans un cycle de violence que les autorités scolaires n'avaient pas prévu.
Mode opératoire
Une enquête sociologique a fait ressortir en outre, que des élèves sous l'emprise de certains psychotropes (des comprimés à caractère excitatif et de la drogue vendus par les commerçantes ambulantes) et de la boisson (maquis et bars aux abords des établissements scolaires), posent des actes de violence envers le personnel scolaire pour imposer leur diktat. 
1) Impact de phénomène sur la société ivoirienne
L’école est une institution sociale qui est régie par des lois. Elle a donc ses exigences, auxquelles tout citoyen désireux d’acquérir du savoir, devrait se conformer. Le respect de l’autorité n’est plus de mise à l’école : des élèves qui violent des enseignants. En Côte d’Ivoire, l’école n’est plus forcément le lieu de production des compétences et de promotion du mérite.
Ce phénomène remet en cause l’école en tant qu’une institution éducative puisque les élèves sont les purs produits de l’école.
2) Ce phénomène est classé dans une catégorie sociologique parce qu’il est un fait social.
3) Si aucune mesure n’est prise pour lutter contre ce phénomène dans un futur proche, l’échec scolaire marqué par le décrochage (sortir du  système sans diplôme)  et abandon. Dans un futur lointain, l’école devrait un lieu d’apprentissage des comportements déviants, perte de valeurs sociales.
4) Je ne parlerai pas de méthodes mais des pratiques éducatives pour lutter effacement contre ce phénomène : 
- Sensibilisation sur les conséquences de ce phénomène
- L’arrêt et le calcul des notes ne doivent pas précéder les congés
- Enchainement avec le trimestre suivant
5) Bien qu’on enregistre des morts dans la revendication des congés anticipés (un élève de troisième tué le 4 décembre 2019 à Anyama, à Daloa, un élève de Terminale tué le lundi 7 décembre 2019 et un élève de seconde d’un lycée de Dimbokro, tué également quelques jours après ), le phénomène des congés anticipés ne s’apparente à celui des enfants en conflit avec la loi. Car ces enfants tuent, volent et agressent la population à l’arme blancheLe non-respect de l’autorité explique aussi la persistance de ce phénomène de congés anticipés. Car, si les élèves avaient de la considération pour leur tutelle, ils se conformeraient au calendrier des congés scolaires.
  
                                                                                                                                                 Dr ANDJOU
                                                                                                                                                   Sociologue

Tribune libre: point de vue juridique

Le Phénomène des congés anticipés revêt en dehors des conséquences administratives ou scolaires, d’autres conséquences juridiques. Nicole ASSOUGBA, juriste de formation s’est prononcé sur le fléau. 
1- Les chefs d’Etablissements ont-ils la possibilité d’engager des procédures judiciaires contre lesdits élèves et étudiants ?
     2-Quelle appellation juridique donne-t-on à ce phénomène ou aux enfants qui s’y adonnent ?
    3-Ces élèves et étudiants impliqués dans ce phénomène sont-ils traités comme des enfants en conflit avec la loi ?
   4-Que prévoient les lois ivoiriennes pour les acteurs de ce phénomènes ?

Les chefs d'établissement ont la possibilité d'engager des poursuites judiciaires à l'encontre des élèves ou étudiants qui perturbent le bon déroulement des cours en vue d'avoir des congés anticipés.
Cette possibilité se situe à 2 niveaux :

Au niveau de sa responsabilité en tant qu'encadreur qui donne l'éducation, la connaissance à un élève ou à un étudiant dans le cadre du système éducatif .
 Au niveau de sa responsabilité en tant que responsable d'une structure puisque garant de la sécurité de ces élèves, personnels et administratifs au sein de son établissement.

 Ce phénomène étant relativement récent et surtout en Côte d’Ivoire , la politique a jugé bon de lui donner le nom de perturbateur de cours.
Ce qui nous permettrait de tous l'appeler ainsi. 
Le perturbateur de cours est tout simplement un individu qui perturbe le bon déroulement des cours, ceci inclut un état psychologique de ce dernier.
Il a donc un comportement inadapté pour un élève ou un étudiant de son âge.
Ex: Il veut tout avoir et sur le champ, il contrôle peu ses frustrations et ses émotions, il a de faible capacité à se projeter, la méconnaissance des règles sociales et éducatives.

Un enfant en conflit avec la loi est en générale un mineur puisque, qui dit enfant se réfère presqu'immédiatement à la convention de l'UNICEF pour les droits des enfants.
Cette convention en son article premier stipule que dans toutes les décisions qui concernent les enfants qu'elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protections sociales des tribunaux, autorités, administratives ou des organes législatifs, l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération primordiale.
On comprend alors que tout est fait pour protéger l'enfant, aussi en son article 5, on prend en compte la responsabilité des parents ou le cas échéant des membres de sa famille ou de la communauté.
Par contre, un élève ou un étudiant qui perturbe les cours utilise des moyens propres et prémédités.
Qui parle de préméditation parle de réflexion.
Peu importe le niveau de ce dernier
Aussi, selon la loi ivoirienne l'âge de  la responsabilité pénale est de 16 ans et celle de la responsabilité civile est de 18 ans.
Au final, la différenciation sera faite qu'il s'agisse d'un enfant de 16 ans ou plus ou d'un adulte.

 Pour la loi ivoirienne, ce sont des sanctions prévues dans le code civil relatif à la responsabilité civile

Article 13,82 du code civil
*Tout fait quelconque de l'homme qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer*

On a aussi l'article 13,84

*On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre ou des choses que l'on a sous sa garde*

Fait référence à la convention de l'UNICEF.

Quand on parle de communauté même le chef d'établissement peut être dans la communauté.

Les sanctions pénales qui sont prévues par la loi ivoirienne

Le code pénal dit *en cas de coups et blessures, l'infraction est considérée comme un délit et un délit est sanctionné par une privation de peine c'est à dire par une peine privative de liberté ce qui veut dire qu'il peut aller en prison et en plus de cela paie une amende*


Cela dépend de la gravité de l'action.
Un adulte ou un étudiant n'a pas le même âge qu'un enfant qui est à l'école primaire qui perturbe les cours.
Aussi, un enfant qui est au primaire n'a pas le même âge que celui qui est au collège ou au lycée.

Cela dépendra donc du juge car c'est lui qui va déterminer s'il fera 10 ans parce qu'il y'a toujours des fourchettes dans la loi on peut dire 1 à 3 ans.

 
                                                                                                                                 Nicole ASSOUGBA
                                                                                                                                  Juriste de formation

Chronique Le désordre à l’école, à qui la faute ?

Dans cette société en pleine mutation, si l’Afrique peine encore à prendre son envol dans le concert des grandes nations, c’est parce que nos dirigeants n’ont pas encore compris que la formation efficiente de la jeunesse est la pierre angulaire de tout progrès.  Chez nous, en Côte d’Ivoire, la norme, ce sont les congés anticipés dans le système éducatif. Cette réalité n’émeut personne. D’ailleurs, nos autorités semblent s’y plaire. L’année dernière, nous avons assisté, comme des spectateurs attristés par le casting d’un film d’horreur, à ces congés anticipés orchestrés par certains élèves en manque de repères.   A la fin de l’année académique, la direction des examens et concours a brandi, comme un trophée de guerre, le résultat. Il est sans appel : Plus 6.500 cas de fraude et de tricherie lors des examens à grands tirages. 
A qui la faute? A cette question tonitruante, il est difficile d’apporter une réponse concluante. Quoi qu’il en soit, nous avons laissé notre système éducatif entre les mains d’une mafia appelée cyniquement Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire.  Elle a la possibilité de gérer le calendrier scolaire selon les humeurs de ces « leaders ».  
A qui la faute ?  Aucune idée. Quoi qu’il en soit, nous avons à la tête de nos institutions éducatives des personnes qui ne sont pas des modèles. La faute n’incombe sûrement pas à ces personnes qui ont leurs enfants dans les  meilleures universités du monde, et qui gèrent notre éducation nationale. 
A qui la faute ? Ce n’est pas la faute aux parents non plus ! Certains d’entre eux ne savent pas qu’un enfant, on l’éduque, on le nourrit, on lui donne des valeurs sociales, pour ne pas qu’il soit une entrave à la vie communautaire. Ne leur demandez pas de faire ce qu’ils ne savent pas !
                                  
                                                                                                                                  Christian KOSSONOU

EDITO: Tout le monde, dehors !

En Côte d’Ivoire, l’école n’a pas seulement la vertu de former des intellectuels en devenir, elle forme, brillamment d’ailleurs, les as du délogement. L’on savait déjà la vie éducative de notre pays vilainement submergée de phénomènes exposant l’inconscience d’une jeunesse maîtresse d’un destin, le sien, dont les premiers dessins sont pourtant affolants. L’une des  dernières innovations de ces jeunes aux décisions calamiteuses, dans le quotidien éducatif du pays est l’anticipation des congés, notamment en période festive. Les piteux résultats scolaires que font parader sous nos yeux les examens qui occasionnent eux-mêmes, les plus ingénieuses intrigues, sont plus terrorisants qu’ils paraissent. Collèges, lycées, universités, aucun temple de l’enseignement n’échappe aux actes incongrus et sinistrement dévastateurs des pourfendeurs du savoir-être, des belligérants de la bonne éducation, des objecteurs de l’apprentissage, des missionnaires du vandalisme. Depuis 2000, l’abcès de déception que fait couler ce fléau demeure salissant. Le déphasage jugé abyssal  entre le quantum horaire fixé et le déviationnisme pratiqué par les chefs d’établissement est une rengaine devenue rébarbative et inconséquente. Les instruments scolaires sont  triviaux devant l’élégance des gourdins et armes blanches. Les mots d’ordre des décideurs syndicalistes sont les premières entremises de l’expansion de cet absurde fléau mais pas les uniques. En effet, des bambins, des caïds en kaki, ont fait de leur maigre influence, le guichet de décisions éducatives putrides. Ainsi, littéralement harassés par un emploi du temps normal, Ils bastonnent en premier, le calendrier scolaire. Médusés et indignés, nous rejetons  violemment ce méprisable message: « Fermez les salles de classes et bondez les rues » !
                                                                                                                       Jean-Cyrille OUATTARA

PORTRAIT

Kouamé Koffi Célestin alias « l'invincible » où encore « Tiaco » surnom que lui ont valu ses prouesses, est un ex membres de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire, communément appelé FESCI. Il fait ses premiers pas au sein de cette Fédération, en 2006, en tant qu'élève en classe de seconde scientifique, au Lycée Municipal de Yopougon actuel Pierre Gadié.
Il effectue alors plusieurs délogements d’établissement en tant que membre actif au sein de ladite Fédération. 
De son établissement, au Collège Moderne du Plateau. En passant par le Collège Pigeon ou encore le Collège Ponty. Il fait parler de lui comme l'un des investigateurs des congés anticipés dans la ville d'Abidjan, avec en moyenne deux ou trois délogements d’établissements par semaine.
En effet, avec la violence des assauts de sa bande, il cause de nombreux dégâts matériels et fait plusieurs blessés. Mais toutes ses actions étaient sous l'effet de l'euphorie et de la tendance de l’époque, comme il le souligne dans ses propos.
Sa plus grande fierté en tant que membre actif de la FESCI, a été le délogement du Collège Moderne de Yopougon devenu aujourd’hui le Lycée Moderne Yopougon Andokoi, où il a été le coordonnateur de la mobilisation.
Aujourd’hui, il est employé dans une structure de la place, en tant que pompiste. Toujours est-il qu’il garde de bons souvenirs de la Fédération où « l'intelligence participait à lutte. »
 
                                                                                                                                              EuniceTouato

ENCADRE: Les Congés anticipés en Cote d'Ivoire: un phénomène qui perdure

Au début, il y a environ dix ans, les perturbations débutaient à deux ou trois jours des différents congés ou vacances scolaires. On a alors laissé faire. Ensuite c'est devenu dix jours avant. On a encore laissé faire. Aujourd’hui, les perturbations débutent à un mois des congés de Pâques. Ce qui revient à dire que le phénomène s’étend impunément dans toutes les villes et régions de la Côte d’Ivoire. Est-ce la faute des élèves ? Oui en premier lieu. Mais et après ?.
Ce serait mieux d'identifier les acteurs avec l'appui du Ministère de l’éducation Nationale de l’enseignement Techniques et de la formation professionnelle. De les punir afin qu'ils servent d'exemple aux yeux de tous. Ainsi à l'avenir, avant toutes perturbations ils y réfléchiront à plusieurs reprises.
                                                                                                                                       
                                                                                                                                          Eunice Touato

ENCADRE: A chaque problème une solution

 Le phénomène des congés anticipés prend de l’ampleur au fil du temps. C’est le fort constat aujourd’hui. Dès l’instant que les congés approchent, le phénomène saute aux yeux. 
Contagieux est-il car à peine un établissement se mobilise et d’autres s’en suivent. La manière si rapide dont se propage le phénomène est certainement due au fait que tous les acteurs du phénomène dans les établissements scolaires sont aux aguets quant à un potentiel établissement qui va dicter le ton, en signe d’alarme. 
 L’alerte est souvent parvenue aux autres établissements par voie téléphonique. Une méthode qui fonctionne bien jusque-là mais qui n’est pas infaillible. A cet effet, pourquoi ne pas interdire temporairement l’apport du téléphone cellulaire aux élèves justement à l’approche des congés dans les établissements scolaires ?    
                                                                                                                                       WILFRIED  DION

Enquête: Ecole ivoirienne: Les missionnaires du délogement

Parmi  les épées qui affolent, d’année en année, l’éducation ivoirienne, le phénomène des congés anticipés en est inéluctablement, l’une des plus tranchantes. Plus couramment,  dans le vif du mois de Décembre ainsi qu’à l’approche des congés de Février,  voire de pâques, les regards, les esprits, les programmes et mêmes les plus grandes ruses des élèves convergent rondement vers les congés. Ce perpétuel phénomène qui flétrit le système éducatif ivoirien a connu, à Abidjan comme à l’intérieur du pays, notamment à Duékoué et Odienné, des incalculables épisodes, des plus confus aux plus obscurs, avec un mode opératoire touffu : Enquête. 
Université Félix Houphouët-Boigny, il est 13H quant débutent nos échanges avec N’seth Odilon, deuxième secrétaire adjoint à la communication de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI).
Pour rappel, en décembre 2019, la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), avait lancé une campagne de sensibilisation sur la vilenie de ce phénomène. Cette campagne s’est pourtant avérée pour le moins improductive, étant donné la récidivité des élèves.
D’emblée, notre interlocuteur n’hésite pas à dédouaner ses pairs : « Il y a une différence entre une grève et un délogement. Ce sont nos bases qui lancent des mots d’ordre de grève et quand sur le terrain, on nous barre la route, on utilise la force », clarifie-t-il, furieux. Le colosse barbu à la chevelure brune a pareillement expliqué qu’au lancement de la grève, la FESCI le fait savoir à l’opinion publique et que sur le terrain, elle se sert effectivement des pierres et gourdins qu’elle trouve pour concrétiser ses intentions.
Ce phénomène désagrège, les écoles qui jalonnent les communes phares du district d’Abidjan dont Adjamé et Abobo qui sont les plus molestées par le volet barbare de celui-ci. 
Dans le sillage de ce tandem communal, Tirangué KABA, Directrice du Groupe Scolaire Jacob Williams de la circonscription Adjamé-Attécoubé et présidente de l’amicale des directeurs d’écoles de ladite circonscription est la première à « cracher le morceau ». Sur un ton extrêmement posé, la directrice, drôlement élégante,  derrière ses verres pharmaceutiques s’exprime: « C’est généralement, le matin, entre 09H et 11h que les élèves convergent vers notre école. Ils sont plus d’une vingtaine et sont majoritairement armés de gourdins, pierres et d’armes blanches. Ce sont pratiquement tous des élèves qui s’entassent devant l’école pour semer la zizanie », a-t-elle dévoilé. Toutefois, son regret  s’est étendu à un épisode sombre qui a médusé les âmes sensibles. En effet, il y a quelques années, ce coup de force périodique a fait couler le sang d’un policier, grièvement blessé, aux alentours du Groupe Scolaire CEMA, théâtre de cet affrontement sanglant.
Aux 220 logements, plus exactement à l’école  « La Croix-Rouge Cité de l’enfance », la tranquillité est frappante. Cette école historiquement emblématique, compte tenu de l’institution internationale dont elle est sous la coupole, échappe coutumièrement à ce déguerpissement. Néanmoins, sa situation géographique la met malencontreusement au centre des actions. La confirmation, nous l’avons aux lèvres de Mr Silué, directeur du primaire au sein de ladite école qui ajuste ces mots : « Des écoles environnantes dont Satigui Sangaré sont maintes fois, prises d’assaut par les mêmes types d’élèves, approximativement une trentaine, tôt le matin, avec les armes similaires à celles qui s’utilisent partout, dans de telles circonstances », dénonce-t-il, très mécontent. Il fustige, par ailleurs, certaines administrations scolaires, qui, sans résistance, cèdent aux velléités de ces élèves par moment accompagnés de la FESCI. 
Dans la commune abobolaise, un autre fief des « délogeurs », un élève de quatrième avait succombé à ses blessures l’an dernier, à la suite d’une opération scolaire musclée, qui a tourné au drame.
Mathieu Tshéssekou, professeur de Philosophie au Lycée Municipal d’Abobo, nous révèle que ce sont quasiment cinquante élèves, sans aucun étudiant, qui chamboulent, fréquemment, leur programme scolaire. Les mêmes armes sont au rendez-vous et les heures se côtoient : 1Oh-11h. Si ses informations sont plutôt lapidaires, ses sources elles, sont par contre extraordinaires. Sur place il nous met en liaison téléphonique avec Adama TRAORE, l’un de ses collègues enseignant au Groupe Scolaire Gbapleu, dans la sous-préfecture de Duékoué. Cette ville martyrisée par la crise postélectorale de 2010-2011 a semblablement connu les affres de ce fléau scolaire, en Novembre 2011, relativement à  l’attaque du Lycée Moderne de la ville qui a emporté un élève.  
Le jeune instituteur nous témoigne que le dernier coup de force scolaire dans la ville avait  pour arène le collège privé Alphonse DOUATI de Duékoué. Selon lui, ce sont environ trente élèves, tous fescistes, en tenue scolaire, munis d’armes blanches, qui ont fait triompher la violence autour de 10H. Il allonge ses informations et les détaillent davantage : « L’administration de l’établissement a tant bien que mal tenté de s’y opposer mais la fougue de ces derniers a eu le dernier mot ».  
Le 11 Décembre 2019, le Général Vagondo DIOMANDE,  actuel ministre de la sécurité et la protection civile avait classé Odiénné parmi les villes les moins touchées par ce phénomène, à l’occasion d’un point presse au Centre National des matériels Scientifiques(CNMS) à Cocody.
Confiné aux cotés des Odiennékas, Wilfried DION, l’un des membres de notre rédaction, enquête successivement au Lycée Moderne1 et au Groupe Scolaire Mamadou Coulibaly1 de la ville. Il y découvre qu’en 2015, tout comme en Décembre 2018, chacune de ces écoles a subi la pire animosité des missionnaires du délogement, dans des conditions encore plus ahurissantes que celles des écoles que nous avons sillonnées à Abidjan. Ces méthodes agressives, perpétuellement employées lors des délogements, ont poussé les chefs d’établissements respectifs à joindre les forces de l’ordre qui ont dû, quant à elles, ragaillardir leurs efforts, face aux hostilités lancés par la ruche d’élèves.
Cette bavure scolaire est durement réprimandée par le gouvernement, dans la mesure où cinquante-six élèves auteurs de délogement, avaient, au total, été déférés à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan(MACA), en décembre dernier.

                             Jean-Cyrille OUATTARA 
                                 Christian KOSSONOU
                                              Wilfried DION
                                          Philippe AKOUA

IL FAUT Y METTRE FIN !

 C’est décevant de voir des élèves réclamer des congés anticipé juste pour aller s’amuser avec leurs amis que d’approfondir leurs connaissances.
Ces élèves inconscients décident de semer la pagaille au sein des différents établissements et ainsi empêcher les autres de suivre correctement les cours, ils passent par tous les moyens pour arriver à leurs sales besognes et vont jusqu’à ôter la vie de certains de leurs amis.
 Les proviseurs et directeurs sont impuissants face à cette situation et ils ne peuvent pas retenir les élèves dans ces cas de peur d’être tenu pour responsable de ce qui leur arrivera.
Que les autorités ivoiriennes prennent des mesures afin d’éradiquer cette plaie de notre société. 
                                                                                                                     
                                                                                                                                            SORO ELODIE 

Billet Notre école, un centre de désintérêt

Congés anticipés, disons plutôt liberté réclamée !  N’est-ce pas ce qui se passe dans les établissements scolaires à l’approche des congés ? 
L’école ivoirienne, socle d’apprentissage est aujourd’hui socle d’aliénation vue la manière, les manigances et méthodes utilisées par les élèves juste pour quelques semaines sinon quelques jours d’absence.
C’est répugnant, écœurant et désolant quand le bilan de leurs actes relève des blessures, nos blessures, celles que nous inflige ce coup de force. C’est à juste titre quand ceux-ci, saisis par les forces de l’ordre ou démasqués par leur propre établissement, fréquentent les Commissariats. 
Des mesures drastiques, il en faut pour la quiétude des établissements des lycées et collèges de la Côte d’Ivoire.

                                                                                                                                       WILFRIED DION