mercredi 17 juin 2020

ENQUETE EXPRESSE: Face au phénomène des congés anticipés. Les administrations entre impuissance et réaction

   Groupe Scolaire Thanon Namanko, sis aux Vallons, à Cocody, la commune la plus huppée de la ville dAbidjan. Lêkê (chaussures plastiques) aux pieds, le visage badigeonné de craie et de kaolin, des élèves habillés en pantalons de couleur kaki perturbent les cours. Ils manifestent le désir dobtenir des congés anticipés. Cest la récréation et la cour de lécole est bondée délèves. 
   Bamogo Patindé, professeur de Physique-Chimie, habillé en polo vert, pantalon noir, le visage barbu, assis sur un banc sous le préau, affirme dun ton convaincant : « Les élèves sont amis entre eux et sont de différents lycées et collèges. Ils sont régulièrement en contact et se donnent des informations de même que  des fakenews, afin danticiper leur départ en congés, via les réseaux sociaux ». Pour lui, les élèves à la base de ces manifestations sont « les moins studieux du système ». Jean Eby, professeur despagnol, vêtu dun costume de couleur gris-cendre, cravate rose, sourire aux lèvres, renchérit : « ces perturbateurs  viennent avec des cailloux, des bâtons et des armes blanches ». Il déplore « linconscience de ces jeunes violents ». 
   Yopougon, la plus grande commune de la capitale économique ivoirienne, un peu plus au Nord de Cocody. Le mode de propagation du phénomène des congés anticipés est tout autre. Au Lycée professionnel Mohammed 6, vêtu dun pantalon noir, dune chemise et dune ceinture blanche, létudiant en hôtellerie Moïse Koffi explique le processus suivi pour perturber les établissements. « Dans cette école, la Fesci se sert des élèves et des étudiants pour boycotter les cours », révèle-t-il, les larmes aux yeux. Censeur dans ledit Lycée, Madame Touato, une belle femme au teint clair, la taille moyenne, la quarantaine bien révolue, révèle que « ladministration est incapable de les sanctionner parce quils sont couverts par la FESCI ». 
   Contrairement aux différents établissements visités à Abidjan, le Collège moderne dApprompronou, dans lIndénié Djuablin, à 239 kilomètres dAbidjan, donne le bon exemple. Ici, les membres de ladministration ont pris des mesures drastiques contre ces perturbateurs. Jeune rouquin, barbu, coiffé à (?) ras, avec une calvitie au milieu de la tête, le professeur danglais Soro Doma explique : « Le collège ne reste pas sans voix face à cette situation. Lannée dernière, nous avons conduit deux de nos élèves perturbateurs de cours au commissariat dAbengourou ». 
   Pour maintenir et endiguer ce phénomène des congés anticipés, certains enseignants proposent que les chefs détablissements organisent des tournois sportifs, des interclasses, des concours et des journées culturelles à une semaine des congés afin de maintenir les élèves dans les salles de classe.

Dochiéré KONE
Eunice TOUATO
Elodie SORO
Oumou KARABOUALY

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