mercredi 17 juin 2020

Dossier: Les congés anticipés, un puits bien profond dans l'Ecole ivoirienne


  Reine Adon est élève au lycée Mamie Houphouët Fêtai de Bingerville, dans la banlieue abidjanaise, où elle reprend la classe de 3e. En dépit du confinement des populations en raison de la crise à Coronavirus, elle ne ferme pas ses cahiers : « Je mefforce à étudier au moins 10h par jour jusquà la rentrée », déclare-t-elle. A partir du programme détude quelle sest elle-même imposé, elle redouble defforts pour atteindre son objectif final qui est davoir son orientation, vu quelle fait pour la seconde fois la classe de 3e. Les interminables grèves, y compris celles du phénomène des « congés anticipés », lui ont beaucoup coûté. Et elle donnerait absolument tout pour ne plus subir les moqueries liées à son échec de lan dernier. 
   Contrairement à Reine, plusieurs élèves continuent dapprécier de manière démesurée les congés anticipés et oublient que ce phénomène peut avoir des conséquences assez graves sur leur avenir et sur celui de lécole ivoirienne dans son ensemble. Le phénomène des congés anticipés  le fait pour des élèves de perturber lécole et faire arrêter les cours plus tôt, avant la date des congés scolaires - a pris de lampleur ces dernières années. Les conséquences de ce délaissement consciencieux des cours sont catastrophiques. Car les meneurs auront beaucoup simplifié leurs manuvres, cela ne change rien au fait quils perturbent les cours dune manière ou dune autre.

Faible taux de réussite aux examens. Près de cinq ans maintenant que les élèves ivoiriens sont épris de cette opération aux s conséquences catastrophiques. En fait, les dégâts se font le plus remarquer en fin dannée. De 2015 à 2017 par exemple, le taux de réussite aux examens du BEPC et du baccalauréat sélève respectivement à 59,27% et 42,35% selon des statistiques de la Direction des Stratégies, de la Planification et des Statistiques (DSPS). Lécole ivoirienne a, réalisé, dans cet intervalle, des prouesses plutôt particulières dans le domaine de léducation. Mais les chamboulements survenus de 2018 à 2019 laissent sans voix. Les rendements obtenus tant par les élèves de la 3e que par ceux de la classe de Terminale connaissent des chutes respectives de 60,14% et 49,09 en 2018, et de 57,31% et 41,23% en 2019. On note une différence de 2,83% au Bepc et 4,86% au Bac.

Baisse du niveau des élèves. Le phénomène des congés anticipés doit interpeller les élèves sur leur avenir. Pourtant il leur procure de la joie. Cette insouciance dont ils font preuve vis-à-vis de cette situation place ce problème parmi les plus préoccupants du ministère de lEducation. Depuis 2011, le gouvernement fournit assez defforts pour renforcer léquipe pédagogique au sein de tous les établissements de la Côte dIvoire. Après des analyses bien poussées, il est ressorti cette difficulté pour les élèves, qui dans un premier temps, manquent de concentration pendant les cours, narrivent pas à les retenir et à bien les rendre lors des compositions. 

Mauvaise publicité. De la baisse du niveau des élèves aux tricheries en passant par le faible taux de réussite aux examens, on remarque un ternissement lent mais sûr de limage de notre système éducatif. Toutes ces conséquences discréditent lEducation ivoirienne. Le gouvernement semble avoir bien perçu ces déviations et met tout en uvre pour pallier une bonne fois pour toutes, ce problème qui évolue à une croissance fulgurante.

LEtat ivoirien face à la tricherie et à la fraude aux examens. Le phénomène des grèves et des congés anticipés, entre autres causes, conduit inévitablement les élèves à la tricherie. Ces habitués sadonnent à la facilité parce quincapables de donner des réponses quils nont pas connu dans les salles de classes. Heureusement que lEtat ivoirien a adopté face à cette délinquance, des mesures drastiques, à travers deux arrêtés relatifs à la fraude : Il sagit de larrêté interministériel n°0062 /MEN/MESRS/METFP/MCF/MFPRA du 25 juillet 2011 modifiant larrêté interministériel n°0047/MEN/MESRS/MEFP du 20 juin 1995 relatif aux sanctions en cas de fraude commise par les candidats et acteurs et portant régime des réclamations aux concours et examens organisés par le Ministère de lEducation nationale,              et de larrêté N°0074 /MENET-FP/DECO du 06 avril 2018 portant interdiction de support de communication numérique dans les centres pendant les examens et concours relevant du ministère de lEducation nationale de lEnseignement technique et de la Formation professionnelle.
   De plus, la ministre de lEducation nationale a mis en garde les élèves contre les cas de fraude, lors du lancement de la session 2018 des examens scolaires, le 24 mai à Alépé : « Désormais, cest la tolérance zéro », a-t-elle prévenu.



LUNESCO vole au secours de lEcole ivoirienne. Le gouvernement ivoirien nest pas seul face aux problèmes de lEcole ivoirienne. Pour un suivi plus approfondi du programme scolaire, lUNESCO a suggéré, comme solution, un ratio élèves/enseignant qui est, par définition, le nombre moyen délèves par enseignant dans un niveau denseignement donné, et pour une année scolaire donnée. Selon lUNESCO, un ratio normal est de 25 élèves par enseignant (voir site de linstitution). 
   Dans lune de ses études intitulées « Profil idéal dun enseignant au regard des lycéens dans lenseignement général public du district dAbidjan », Gboméné Hervé Zokou, docteur en sciences sociales de développement à lUniversité Félix-Houphouët Boigny de Cocody, explique comment la Côte dIvoire néglige cette proposition. Lauteur propose 60 élèves en moyenne dans le premier cycle et 50 autres élèves en moyenne dans le second cycle. Ce qui fait un total de 110 élèves par enseignant. Or lorsquon jette un coup dil aux effectifs délèves et denseignants enregistrés en 2018, soit 2.100.499 et 61.338, cela donne un ratio de 344 élèves par enseignant. 
   Autant deffort à fournir pour espérer venir à bout du phénomène des congés anticipés, un puits bien profond dans lEcole ivoirienne.
Dossier réalisé par
Diane Amon

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